EXTRAIT :
L’imagination est indispensable
à la découverte scientifique. Mais il arrive qu’elle échappe
au contrôle de la raison et que dans le cerveau d’un grand savant
naisse une théorie loufoque. Comme elle n’est pas accueillie par
le reste de la communauté scientifique et que nulle expérience
ne vient la confirmer, elle est bientôt oubliée, pour le plus
grand bien de la réputation que son auteur laisse à la postérité.
Qui sait encore que le célèbre astronome britannique Edmund
Halley, parrain de la comète qui nous rend visite cette année,
avait publié en 1692 un essai dans lequel il soutenait que le globe
terrestre n’est pas plein, mais creux ? Dans son maître ouvrage Fads
and Fallacies in the Name of Science, l’écrivain américain
Martin Gardner, infatigable chasseur de pseudo-science, résume ainsi
le modèle proposé par l’astronome anglais : « Selon
Halley, la Terre était une coquille sphérique de 1500 milles
d’épaisseur(2400 km), contenant deux coquilles internes de diamètres
comparables à celui de Mars et de Vénus, et enfin une sphère
centrale solide de la taille de Mercure environ. On trouvait sur chacune
de ces sphères, disait-il, les conditions nécessaires à
la vie. Un jour perpétuel y régnait, soit qu’il émanât
de luminaires spéciaux, tels que Virgile en a placé au-dessus
de ses Champs-Élysées, soit que l’atmosphère entre
les coquilles fût elle-même lumineuse. Lorsque des aurores
boréales se produisirent en 1716, Halley avança l’hypothèse
qu’elles pourraient avoir pour cause une fuite de ce gaz luminescent. La
Terre étant aplatie aux pôles, il était naturel que
la coquille externe fût un peu plus mince en ces points et permît
donc au gaz de s’échapper, le cas échéant... »